“Poète soufi considéré comme l’un des plus grands mystiques persans du XIIIe siècle, Al Rumi exerça une influence considérable sur la spiritualité musulmane. Son nom est également lié à l’ordre des “derviches tourneurs”, principale confrérie mystique de l’Islam qu’il fonda dans la ville de Konya en Turquie.”

Rumi est né dans une famille de théologiens persans qui émigra en Turquie lors de l’invasion mongole. Alors qu’il est professeur de sciences religieuses, il rencontre un derviche errant, le grand Shams de Tabriz qui est devenu son maître et inspirateur, et l’a initié à la voie mystique. Peu à peu, Rumi le théologien devient Rumi le chantre mystique épris d’un Dieu d’Amour, d’un Bien-Aimé qu’il ressent soudainement comme étant l’essence même de son être. Dès lors, il chante son amour à travers une poésie qui atteindra des sommets vertigineux tant au niveau de la perfection lyrique que de l’élévation mystique.

“L’amour est le pont entre vous et tout le reste.”

De son œuvre poétique gigantesque, nous retiendrons essentiellement le “Mathnawi”, véritable coran mystique destiné à ceux qui recherchent la voie de l’ultime Rencontre à travers l’expérience personnelle de la perception divine. Chef d’œuvre de la littérature orientale, ce témoignage, consacré à la nostalgie du divin, nous invite à lever le voile de nos cœurs pour redécouvrir, par l’expérience de nos sens, Celui qui est en nous et en qui nous sommes. Dès lors, tout est support aux retrouvailles.

Tout est prétexte aux noces mystiques. Car, selon la tradition soufie, si nous sommes en quête d’harmonie à travers toute chose : la musique, la danse, la beauté, l’union avec l’Autre.… c’est que nous avons le sens d’une Harmonie supérieure déjà connue.

“Dans ta lumière, j’apprends comment aimer. Dans ta beauté, comment écrire des poèmes. Tu danses en ma poitrine, là où personne ne te voit. Mais parfois je te vois, et cette vision devient cet art.”

C’est donc dans la communion avec tout ce qui existe que Rumi nous fait revivre un peu de la Suprême Communion. Lui a vu et ressenti la présence de son Bien-Aimé à travers la beauté des jardins de Konya, à travers les parfums du printemps, les chants des oiseaux mais surtout à travers l’union avec l’aimée.

Cette approche non-dualiste de l’Amour, chère à tous les plus grands mystiques, nous réconcilie non seulement avec nos sens, avec la vie sous toutes ses formes mais également avec la mort que Rumi décrit, à l’instar de son maître à penser, le Grand Halladj, comme une véritable résurrection.

“Ces douleurs que vous ressentez sont des messagers, écoutez-les.”

On comprend aisément la passion du poète pour toutes formes d’art, telle que la musique, à travers laquelle il perçoit la voie de son Bien-Aimé ou pour la danse qui lui permet de s’unir à Lui dans un mouvement sacré.

Ainsi, Rumi est l’auteur de compositions musicales uniques qui ont considérablement marqué la musique turque. En outre, il est également le fondateur d’un ordre tout aussi singulier, l’ordre des “derviches tourneurs”, qui permettra à ses disciples de retrouver l’union au divin au cours d’un tourbillon extatique ; ordre qui propage aujourd’hui en Orient comme en Occident la musique et le message de celui qui fut aussi appelé “Mevlana”, le Maître.

“Il y a une voix qui n’utilise pas de mots. Ecoute.”

Peu de temps après la mort de Rumi, son œuvre universelle fut connue partout dans le monde musulman et, traversant les siècles sans perdre une once de sa fraicheur et de sa profondeur, elle connaît aujourd’hui un immense succès international auprès d’un public sans cesse renouvelé.

Si tu parviens à te connaître totalement, si tu peux affronter honnêtement et durement à la fois tes côtés sombres et tes côtés lumineux, tu arriveras à une forme suprême de conscience. Quand une personne se connaît, elle connaît Dieu.

Extrait du “Le livre de Shams de Tabrize” de Djalal Ed-din Al Rumi