Me revoilà pris en otage dans un lieu qui m’est familier, une ville pas comme les autres dont l’accès est gratuit, des fois même tentant mais la sortie excessivement taxée. Pas de panique, à présent je me retrouve bien, j’ai encore mes repères. Ces ruelles que j’ai tant côtoyé et ces personnes auxquels j’ai longuement discuté, je me souviens même de cette colline qui me réfugiait presque chaque jour car dans cette ville, les gens sont bipolaires, mythomanes, schizophrènes.. en gros, des malades mentaux.
Aucune relation ne dur, aucune confiance ne peut s’établir, aucune valeur. Le seul devise ici est l’insouciance, la conquête aveugle de l’instinct et l’égocentrisme, tandis que la sincérité, la sagesse ou l’honnêteté vous mettrons derrière les barreaux, en prison. Les humains ici se créent et s’anéantissent en un clin d’œil, rien n’est concret ni garantit, comme un fou dans une société de fous, je me balade sans cesse et je croise un visage que je reconnu aussitôt… un fou qui vivait dans mon ancienne ville enfin, ma réelle ville mais ici, considéré comme le plus sage des hommes !
Il était barbu, bien entouré et connaissait pratiquement toutes les clés d’un savoir vivre paisible dans un milieu chaotique dû à son long séjour sur les lieux. Je l’ai sollicité portant sur mon dos un fardeau de questions, en les entendant il rit, et entama : Les intelligents sont malheureux, une phrase que nous entendons souvent mais ignorons tellement vu que nous nous sentons connaisseurs et pourtant, nous transgressions la règle; tant qu’on connais plus, nous découvrons qu’on réalité, on ne connait rien. Voulons côtoyer les horizons de nos profondeurs, nous plongeons dans notre propre océan, la tentative d’un cerveau qui veut se comprendre et pourtant, il est à la fois l’objet et l’outil. Hallucinations, boucle fermée ou malaise, c’est la taxe à payer. Chaque habitant ici est un visiteur éphémère, un penseur qui fut mis à l’échec par sa propre pensée, chacun de nous est fou quelque part quand à nous les fous, nous y restons éternellement pour des raisons que j’ignore car, si j’avais la réponse, pourquoi aurai je demeurer ici ?