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Culture et impérialisme – Edward Saïd
Dans Culture et impérialisme, Edward Said sonde des chefs-d’œuvre de la tradition occidentale et montre comment quelques-unes des productions culturelles les plus vénérées - y compris Mansfield Park de Jane Austen, Heart of Darkness de Joseph Conrad, Aida de Giuseppe Verdi, et L’Etranger d’Albert Camus - font appel aux mêmes énergies qui entrent dans la construction des empires. Il éclaire brillamment la manière dont la culture et la politique ont coopéré, sciemment et incons-ciemment, pour produire un système de domination qui a contribué, plus que les canons et les sol-dats, à construire une souveraineté qui s’étendait sur les formes, les images et l’imaginaire aussi bien des dominants que des dominés. Cet essai retrace également le développement d’une « souche oppo-sitionnel » qui a identifié et exposé les mécanismes de contrôle et de répression. Travaillant essen-tiellement dans les langues de leurs maîtres coloniaux, des écrivains autochtones comme William Butler Yeats, Aimé Césaire, Frantz Fanon, Kateb Yacine, et Chinua Achebe ont participé au pro-cessus de décolonisation en réclamant le droit pour leurs peuples à l’autodétermination de l’histoire et de la culture.
Enfin ce livre passionné et immensément documenté montre comment, aujourd’hui encore, l’héritage impérial imprègne les relations entre l’Occident et le monde anciennement colonisé à chaque niveau de la pratique politique, idéologique et sociale. Sa vision révèle néanmoins un vrai espoir : l’Occident et les peuples anciennement « assujettis » peuvent atteindre une cohabitation harmonieuse. Au-delà des nationalismes de division, Edward Said montre le chemin vers une prise de conscience que la véritable communauté humaine est mondiale.
« De nos jours, pour l’essentiel, le colonialisme direct a pris fin. L’impérialisme, nous le verrons, perdure là où il a toujours existé, dans une sorte de sphère culturelle générale et dans des pratiques politiques, idéologiques, économiques et sociales spécifiques. »
Edward W. Said.
Ennemis Mortels, représentations de l’islam et politiques musulmanes en France à l’époque coloniale – Olivier Lecour Granmaison
Pour mieux comprendre la place singulière de l’islam aujourd’hui en France, cet ouvrage étudie les représentations de cette religion et des musulmans élaborées de la fin du XIXe siècle jusqu’à la guerre d’Algérie par les élites académiques, scientifiques, littéraires et politiques.
S’appuyant sur des sources diverses, parfois ignorées ou négligées, Olivier Le Cour Grandmaison analyse la façon dont ces élites ont, pendant des décennies, conçu et diffusé un portrait pour le moins sombre des colonisés musulmans. Pendant qu’Ernest Renan, par exemple, soutient que l’islam « n’a été que nuisible », Guy de Maupassant se passionne pour la sexualité prétendument débridée et « contre nature » de ses adeptes.
Conçues par des personnalités souvent célèbres, diffusées par des institutions prestigieuses, ces représentations sont rapidement incluses dans de multiples ouvrages de vulgarisation. Jugé rétif au progrès, le « musulman » est décrit comme un danger protéiforme et existentiel qui menace les bonnes mœurs, la sécurité sanitaire, celle des biens et des personnes, l’avenir de la nation et de la civilisation occidentale.
Ces représentations éclairent également les « politiques musulmanes » mises en œuvre par la France. Enfin, comme le montre l’auteur, ce passé affecte toujours notre présent et alimente les obsessions islamophobes de beaucoup de nos contemporains.
Le vent a dit son nom – Mohamed Abdallah
Oran, automne 1954.
à la Mauresque, un espace symbole de tout un pays en agitation, au cœur de la ville indigène d’Oran, les doutes de ses occupants se multiplient et les questions abondent. Journalistes, politiques, romanciers, poètes, artistes se débattent dans un moment charnière de l’Histoire de leurs pays. Le monde ancien se meurt, tandis que le nouveau tarde à naître pour eux. Les hésitations comme les initiatives sont légion.
Ils essayent de naviguer à vue dans un océan si vaste qu’il se confond avec l’horizon ; un horizon qu’ils semblent parfois oublier mais que l’auteur a essayé de donner en permanence à voir aux lecteurs à travers son roman : Le Vent a dit son Nom.
multipliant les références aux figures emblématiques de l’éveil des consciences pour la liberté, Mohamed Abdallah tente d’offrir un regard neuf sur le rôle que peuvent tenir les hommes de lettres, les intellectuels, et plus généralement les gens de la culture, au moment où une Nation s’apprête à connaître de nouvelles épreuves. Autant de thèmes qui résonnent encore avec notre actualité.
« Une sage malice rayonnait de ses traits, et on avait toujours l’impression qu’il en savait plus qu’il ne voulait bien le dire, qu’une réflexion astucieuse se cachait derrière ses sourires. Son esprit vif et sa bonne bouille faisaient le bonheur de la Mauresque et de ses environs ; un rappel par son charme si tranquille que le monde pouvait encore recéler de la délicatesse. » (M. Abdallah)
Mémoires d’un gardien de but – Mehdi Cerbah
Dans ce récit autobiographique, Mehdi Cerbah, un des plus célèbres gardiens de but de sa génération, se livre aux amateurs de la balle ronde et relate les moments les plus succulents, parfois douloureux, qui ont jalonné sa carrière de footballeur, depuis son premier poste à la sélection nationale, catégorie cadet, en 1968.
De ses passages dans les clubs du championnat national aux compétitions africaines et méditerranéennes, jusqu’à l’épopée du Mondial 1982 avec la sélection nationale, revivre ces instants, dans l’intimité des vestiaires, des entraînements, des regroupements ou lors des déplacements, nous replongent dans un passé où le football en Algérie était non seulement considéré comme une compétition sportive où les clubs se disputaient les premières places des championnats en toute sportivité, car dignes représentants d’un quartier de la ville ou d’une région, mais en plus, c’était une « question de fierté nationale » que de voir le football national arracher sa place dans les débats des compétitions continentales et mondiales, juste au lendemain de l’indépendance du pays. Cela devait se faire sous le poids de lourdes jambes et d’un dévouement absolu.
Avec ce témoignage poignant, vivant, et vécu de surcroît, Mehdi Cerbah, la Grinta, comme aimer l’appeler ses coéquipiers, lègue dans ces pages une partie de l’histoire du football algérien et rend hommage à toute une génération de footballeurs, d’entraîneurs, de dirigeants et cadres sportifs qui ont fait son prestige. En homme public, dans un domaine aussi sensible que le football, il refuse de se murer dans le silence, se rendre complice d’un quelconque détournement de cette histoire ou permettre aux fossoyeurs de s’approprier des honneurs qui ne leurs sont pas dus.
« Faire oublier les sacrifices et les exploits consentis par toute une génération, digne héritière de son aînée, la glorieuse équipe du FLN, est une sorte de confiscation d’une partie de notre histoire... », nous confie-t-il.
Comment israël expulsa les palestiniens – Dominique Vidal
« Le passage du Yichouv à l’Etat d’Israël doit en effet beaucoup à la situation qui prévaut après 1945 : le génocide a donné une légitimation tragique à la revendication sioniste d’un Etat, incité les Alliés à la soutenir, et travaillé la mauvaise conscience des opinions dans les pays complices de l’entreprise nazie. Sans oublier les centaines de milliers de personnes déplacées qui, ne pouvant pas rentrer dans leur pays ni émigrer en Grande-Bretagne ou aux Etats-Unis, n’ont d’autre choix que l’émigration vers la Palestine. Autant de facteurs qui participent au ‘‘ lien entre l’Holocauste et Israël ’’ souligné par le grand intellectuel palestinien Edward Saïd… » Dominique Vidal (Le Monde diplomatique).
En 1987, paraissait « La Naissance du problème des réfugiés palestiniens », le premier livre de ce qu’on allait bientôt appeler la « nouvelle histoire » israélienne. Son auteur, Benny Morris, mais aussi Ilan Pappé, Avi Shlaïm, Tom Segev et d’autres ont, en quelques années, réécrit les conditions dans lesquelles l’État d’Israël a vu le jour, battant en brèche les mythes et les tabous chers à leurs prédécesseurs. Il est désormais impossible de nier la réalité de l’expulsion de quelque 800.000 Palestiniens dans les mois qui précèdent et suivent la création de l’État juif en mai 1948.
Que nous apprennent les travaux de ces chercheurs sur des événements fondateurs du conflit israélo-palestinien Quels débats ont-ils suscités parmi leurs pairs ? Quelle influence ont-ils exercée sur une société israélienne ? confrontée, entre deux Intifadas, aux accords de paix d’Oslo ? Autant de questions auxquelles répond ce livre de synthèse.
En portant à la connaissance d’un grand public les apports d’ouvrages dont la plupart n’ont pas été traduits en français, ce livre complété par une enquête originale sur les polémiques actuelles autour de la « nouvelle histoire » en Israël.
Etats de chose et autres choses – Habib Tengour
Etats de choses, ces textes témoignent des années de sang. En sommes-nous vraiment sortis ? Beaucoup ont marché pendant deux ans dans l’espoir de dégager une sortie. Peut-être aura-t-on à remonter loin dans notre histoire pour comprendre ce qui nous arrive. Surtout changer l’itinéraire. On parle d’écriture de l’urgence. Qu’est-ce à dire ? Toute écriture n’est-elle pas nécessité par une urgence à laquelle tout écrivain est sommé de répondre ? Par-delà la conjoncture, il y a là, pour le poète, la difficulté à trouver ses mots — où les chercher ?
...
Cette chose persiste, entre autres choses, elle échappe à l’emprise des mots. Tu travailles à les trouver…
Retours de lignes – Hélène Tyrtoff
Hélène Tyrtoff est autrice de poèmes, dessins-poèmes, prose poétique, traversés par les mémoires silencieuses, personnelles et historiques, les champs de lutte, la langue fantôme. Mouvement intérieur qui s’incarne aussi dans le corps par le tai chi chuan. Durant ses années au Luxembourg, le plurilinguisme agit comme catalyseur de son écriture. Certains de ses poèmes sont traduits en anglais, en espagnol, en arabe et en néerlandais. Parmi ses publications : De là, Editions Lanskine, 2024 ; Atlas, Rrose Semoy, éditions La 5e couche ; aux éditions PHI Jonas Luxembourg, Mars, Corps expéditionnaire (prix Servais d’encouragement).
Par des langures et des paysages – James Sacré
James Sacré est né dans une petite ferme vendéenne en 1939. Il y vit son enfance et son adolescence et transporte tout cela aux Etats-Unis de 1965 à 2000. Nombreux séjours à Paris, à Genève, en Italie, en Espagne et au Maroc. Il vit maintenant à Montpellier.
Écrire des poèmes est affaire de rencontres, avec les gens, les choses, des paysages, avec les mots. Affaire de rencontres dans l’étonnement et l’interrogation.
Emiliano, là devant, avec sa ceinture de longues sonnailles mise autour du cou… dans son geste de me la passer autour de la taille, m’accueille-t-il dans une intimité de cette fête de carnaval en Galice, ou s’il me fait savoir que ma maladresse signe mon statut d’étranger ?
Chair de Léviathan – Chus Pato
Il y a des livres qui semblent s’adresser à nous à partir d’un hors temps, et qui nous situent comme êtres dans un hors temps, un temps au-delà de l’origine, en train de s’ouvrir à une nouvelle relation avec la terre et avec l’écriture même, la possibilité de « dire ». Chair de Léviathan est un de ces livres.
Figure centrale de la poésie galicienne et européenne contemporaine, la poète Chus Pato traverse la civilisation occidentale avec des syllabes calibrées et le battement profond du sang aortique ; sa poésie a les yeux et le vol des oiseaux, rapides et presque inaperçus, et une précision qui décèle le mystère. Elle écrit dans une langue des planètes et des étoiles, le galicien. C’est une langue vivante, parlée et écrite en ses terres, chez « elle » depuis des siècles dans le nord-ouest verdoyant atlantique de la péninsule ibérique, en Galice, pays à la fois maritime et montagneux. Depuis 800 ans, la Galice fait partie de la Couronne de Castille et plus tard de son héritier, l’État de l’Espagne. Il y a encore plus longtemps, son peuple a prêté ses accents celtiques au latin vernaculaire des soldats impériaux venus de Rome après les traités de paix cédant le contrôle politique de cette région européenne connue comme « l’extrémité de la Terre », fisterra.
Le galicien est aussi la langue racine du portugais moderne – les deux langues partagent une histoire de culture et de poésie médiévale, as cantigas – et continue de nourrir le monde des habitants de la terre galicienne. La langue est marquée par l’intrusion constante de l’espagnol administratif et impérial, et a souffert parfois de ces intrusions, de l’appui de l’Église catholique aux structures centralistes et espagnolisantes, et plus récemment des 40 ans de prohibition sous la dictature de Franco (1936-1976). Aujourd’hui son futur demeure incertain sous le poids du commerce et des programmes des politiciens qui remettent aux Galiciens un statut de « nationalité périphérique ». De plus en plus, les politiques de Franco – qui visaient à couper la transmission familiale du galicien – portent leur fruit amer dans notre temps. Le legs d’une dictature, hélas, est parfois plus durable qu’on y pense (le legs de la pensée soviétique en ce qui concerne l’Ukraine est un autre exemple). Les Galiciens, on pourrait se demander, sont « périphériques » en relation avec quoi ? Ce qui est clair est que la langue galicienne est aujourd’hui celle de la culture en Galice, la langue des gens libres, dun pobo ceibe.
Le monde arabe dans la longue durée – Samir Amin
L’année 2011 s’est ouverte par une série d’explosions fracassantes de colère des peuples arabes.
Les « printemps » des peuples arabes, comme ceux que les peuples d’Amérique latine connaissent depuis deux décennies, que Samir Amin appelle la seconde vague de l’éveil des peuples du Sud, revêt des formes diverses allant des explosions dirigées contre les autocraties qui ont précisément accompagné le déploiement néolibéral à la remise en cause de l’ordre international par les « pays émergents ». Ces printemps coïncident donc avec « l’automne du capitalisme », le déclin du capitalisme des monopoles généralisés, mondialisés et financiarisés. Les mouvements partent, comme ceux du siècle précédent, de la reconquête de l’indépendance des peuples et des États des périphéries du système, reprenant l’initiative dans la transformation du monde.
Dans ce livre, Samir Amin analyse le mouvement, ses potentialités, mais aussi les dangers de dévoiement et de récupération qu’il court (comme par exemple celui de l’instrumentalisation de l’islam politique par les puissances occidentales). Au-delà de ces événements qui changent la face du monde, il montre comment, pour mieux comprendre le monde arabe, il faut l’envisager sur la longue durée. Cet essai est une esquisse fondamentale de l’histoire du monde arabe et de ses rapports avec les puissances impérialistes.
La pensée blanche – Lilian Thuram
Qu’est-ce qu’être blanc ? Plus qu’une couleur de peau, n’est-ce pas plutôt une pensée ? Qui sont ceux qui l’ont inventée, et pourquoi ? Ce livre raconte l’histoire de la pensée blanche, son origine et son fonctionnement, la manière dont elle divise, comment elle s’est répandue à travers le monde au point d’être aujourd’hui universelle, jusqu’à infuser l’air que l’on respire. Depuis des siècles, la pensée blanche est une norme, la fossilisation de hiérarchies, de schémas de domination, d’habitudes qui nous sont imposées. Elle signifie aux Blancs et aux non-Blancs ce qu’ils doivent être, quelle est leur place. Comme la longue emprise des hommes sur les femmes, elle est profondément ancrée dans nos mentalités et agit au quotidien. Seule sa remise en question permettra d’avancer pour passer à autre chose. Il ne s’agit pas de culpabiliser ni d’accuser, mais de comprendre les mécanismes à l’œuvre, d’en prendre conscience pour construire de nouvelles solidarités. Le temps n’est-il pas venu d’élargir nos points de vue pour nous considérer tous enfin comme des êtres humains ?
En dépit du temps – Mehdi Messaoudi
Auteur atypique, Mehdi Messaoudi invite cette fois-ci le lecteur à s’introduire dans l’enfance douce-amère de Abdelhadib. À travers un récit particulièrement authentique, à fleur de l’intime, des fragments de vie de l’enfant et de sa famille sont relatés ici avec sincérité et sensibilité., parfois mélancoliques, parfois avec humour. L’auteur convoque le passé, non pas pour le juger, mais pour continuer à sourire. « Ma tranquillité n’a jamais cessé d’être taquinée. Et malgré ces diverses nuisances endurées… jamais je ne sus perdre mon sourire », écrit-il dans la nouvelle La chambrette.
Les passages des nouvelles sur son premier amour d’enfant, ses grands-parents qu’il adorait, son chat gris qu’il voulait sauver, ses cousins qu’il disputait, son citronnier qu’il vénérait, ses copains de classe qu’il n’a jamais oubliés, et même le terrifiant chien Rex qu’il défiait, sont singulièrement touchants.
Cœur en fragments, suivi de Histoires du vécu – Yassine Foudala
Il savait le combat à mort
Que le peuple élabore. (Y. F)
« La terre et ses échos ne sont jamais loin dans les poèmes de Yassine.
Au fil des mots, sur la lice, transparaît l’idée du sacré. La terre, la mémoire, le legs, sont des choses sacrées. Les mots aussi. Le sacré n’atteint le divin que lorsqu’il a atteint l’homme dans son enfance, dans son premier lait (...)
Le poète peut dire qu’il est « l’homme patrie » né à son humanité par sa patrie à travers laquelle le sang et le chant ont tissé une âme... C’est cette humanité-là que recherche Yassine, une âme des mémoires multiples héritées, une âme qui refuse l’oubli et l’ingratitude. Il n’est homme qu’à la condition de retrouver et transfigurer ses racines d’homme (...)
Humain jusqu’au bout de ses forces, jusqu’au bout de ses faiblesses, de ses colères et de ses besoins de tendresse, Yassine nous réconcilie avec l’idée de l’humaine destinée de chaque homme engagé dans le destin des autres hommes (...)
Se lever comme poète et dire ses liens avec son peuple, la revendication de ses combats pour la libération trouve son accomplissement dans la revendication du combat des autres peuples (...)
Est-ce que j’ai tort de me souvenir d’un autre poète qui a parlé de marcher en portant son cercueil sur son épaule ? Marcher. »
(M. Bouhamidi).
Israël, prélude à un déclin autoprogrammé – Mohamed Taleb
Après l’excellent ouvrage « Palestine, le plus grand hold-up du XXe siècle » (2019) qui a relaté le processus d’occupation de la Palestine depuis la chute de l’empire Ottoman à l’écrasante défaite des pays arabes à l’issue de la Guerre des Six jours de 1967, le présent essai est le deuxième volet de cette « enquête », aussi documentée que pertinente, qui expose les développements des évènements qui s’ensuivirent. De la guerre d’usure, entre 1967 et 1970, à la guerre du Ramadan de 1973 qui a vu la première défaite de l’entité sioniste, aux épisodes tragiques des massacres de Palestiniens de septembre 1970 (Septembre noir) et de Sabra et Chatila (Liban, 1982), pendant que l’Égypte est éjectée du camp résistant après les accords séparés de Camp David de 1978, à l’Intifada de 1987, un soulèvement de la population palestinienne contre le régime d’occupation coloniale qui a donné un nouveau souffle à la résistance des Palestiniens contre les sionistes. Devant la flambée des violences contre une population qui se défendait avec des jets de pierres face à des chars sionistes, un processus de paix, en dehors des instances internationales, se met en marche et aboutit à la signature des Accords d’Oslo en 1993 entre Palestiniens et Israéliens. Une autorité palestinienne (AP) nait officiellement, mais finit par faire figure d’organe sous-traitant pour la sécurité des « territoires israéliens ». Un État palestinien (solution des deux États) devait naître conformément aux résolutions de l’ONU dans un délai de cinq années. Les entraves des dirigeants sionistes successifs, gauche et droite confondues, Netanyahou, Barak, Sharon ou Olmert, mettent fin à un processus de paix illusoire, au mépris du droit international. Entre temps, et pendant que s’érige un mur de séparation entre la Cisjordanie et les territoires occupés par Israël, déploiement de colonies illégales en Cisjordanie connaît une ascension spectaculaire, ponctuée par un blocus de la Bande de Gaza depuis 2007 et par des agressions multiples, 2009 et 2014. L’État palestinien ne voit pas le jour, et les conditions de sa mise en application n’existent pratiquement plus. Le cours de normalisation des relations entre Israël et certains États arabes prend le dessus sur le processus de paix, tombé en désuétude. Le tout est aggravé par l’instauration d’un régime d’apartheid, avec le consentement du monde occidental, à leur tête les Etats-Unis d’Amérique, annihilant de manière définitive la création d’un État palestinien.
Il est question aujourd’hui, plus d’un État unique avec les mêmes droits pour tous ses citoyens, au-delà des ethnies et des croyances religieuses, un État qui mettra fin au sionisme.
Le Nil des vivants – Mohamed Abdallah
« Auparavant, la transmission d’un héritage ne posait que rarement question. Oh, il se trouvait toujours des vieillards pour se plaindre de la folie des nouvelles générations et des marmots insolents prêts à se moquer de leurs aînés, mais, dans l’ensemble, le monde des fils ressemblait à celui des pères, et les leçons de ces derniers se transmettaient sans grande difficulté. Aujourd’hui, chaque époque semble créer son propre monde, y amener sa nouvelle vie. Le défi, c’est de ne pas perdre de vue les aspects de continuité régnant d’une ère à l’autre. » (Mohamed Abdallah)
L’Égypte, ses voisins. Le Caire, une ville ayant su se créer une arène entre les mâchoires du désert. Son fleuve surgit d’ailleurs, le Nil, toujours-là, serpente amicalement entre les bâtisses cairotes, disparaît parfois derrière une mosquée ou un cinéma, avant de reparaître pour de bon, antique camarade d’une procession à rebours des décades. Ses ruissellements nourriciers chargés de secrets, de destinées de femmes et d’hommes et des mystères des temps millénaires.
Une époque ? Non, plusieurs. Au commencement, ou plutôt à la fin, deux romanciers, deux cousins qui ne se connaissent pas, mais se rappellent du même univers. Dans leurs livres, ils en récitent la beauté, les grandeurs et les mesquineries, les réussites et les travers.
La racine de cette poétique douloureuse ? Un horizon qui reprend vie, réfracté d’une époque à l’autre. Des révolutions souhaitées, chantées, pleurées. Un monde, quelques continents se croisant au creux d’une vallée où des visages surgissent, des voix s’élèvent, des psaumes se déclament, des musiques dansent, des senteurs courent les rues… Oumm Koulthoum, Youcef Chahine, Tawfiq al-Hakim, Ahmad Shawqi, Cheikh Imam, Fouad Nagm, Soad Hosny et… prennent place au Café Isfet dans le quartier d’El Gamaliyya. Des amitiés brisées, tordues, survivantes, magnifiques. Des amours imprononcés, trop pensés, pas assez vécus.
Des témoins bon enfant, joviaux, quoique fourbus. Et, au milieu de ce champ de superbes ruines, la vie, ses aspirations, des arts, leurs détours inattendus.
Bel abîme – Yamen Manai
Yamen Manai nous conte avec fougue le cruel éveil au monde d’un adolescent révolté par les injustices. Heureusement, il a Bella. Entre eux, un amour inconditionnel et l’expérience du mépris dans cette société qui honnit les faibles jusqu’aux chiens qu’on abat « pour que la rage ne se propage pas dans le peuple ». Mais la rage est déjà là.
Poussières d’itinérances – Badr’Eddine Mili
Sans la Révolution ‘‘Le Petit Chose’’, la toise à laquelle l’ordre des colons l’avait mesuré, n’aurait jamais eu le privilège de rencontrer et de connaître autant de femmes et d’hommes valeureux.
Il n’aurait jamais eu la chance de parcourir le monde et de ramener, chez lui, autant de morceaux de planète ramassés au pied du Kilimandjaro et du Mont-Blanc, sur les rives de l’océan Indien, de la mer Rouge et de la mer Morte, au bord du Tigre, de l’Euphrate et du Saint-Laurent, le long des allées de Babylone, de Sarajevo, de Marrakech, de Damas et de Baghdad, dans la lointaine Dalmatie, sur les remparts de Dubrovnik, sur les berges du lac Victoria, sur les piétonnières de Bruxelles, d’Anvers, de Londres et de Rome, au partage des eaux de la Sorgue… portant la bonne parole du pays profond et devisant, avec des rencontres de passage, sur Lévi-Strauss, Tim Burton, Brink, Günter Grass et Marivaux pour qui ‘‘toutes les âmes ont le même âge’’… B.Mili
Badr’Eddine Mili a visité, en 40 ans, une trentaine de pays et une cinquantaine de capitales et de villes importantes. Son exploration du monde l’a placé sur l’orbite d’une galaxie où il a vérifié que le voyage est la réalisation, sinon le prolongement, d’un rêve qui débouche toujours sur le savoir.
Dans cet ouvrage, il a choisi de ne raconter que les voyages qui présentaient un intérêt en rapport avec la période, la durée, la portée culturelle et esthétique, les rencontres et la dimension politique concernées.
Poussières d’itinérances est un mix de descriptions touristiques et d’analyses politiques d’évènements s’étant déroulés concomitamment, à mi-chemin entre un récit de voyage classique et un compte rendu, original, de missions professionnelles, avec une synthèse des genres qu’on ne trouverait dans nulle autre œuvre.
Misère de la littérature – Rostom Djawad Touati
« Peut-être sur le plan purement formel : deux copistes qui s’exercent à reproduire la même vieille carte postale, sans doute l’un fera mieux que l’autre. Mais en définitive, ce sera la même nature morte, tandis qu’à côté, la vie réelle se déploie sous les yeux des vrais peintres, qui cherchent à saisir des moments clés de ce devenir » (Dj. R. Touati).
« Une idéologie est dominante seulement, et seulement si elle n’est pas perçue comme telle », disait Frank Lepage en paraphrasant Marx. C’est-à-dire si elle connaît un tel niveau de diffusion qu’elle semble aller de soi, que les représentations qu’elles charrient paraissent l’évidence même. Raison pour laquelle « le discours du mythe doit dissimuler aussi bien ses propres origines que celles de ce qu’il décrit » (Edward Saïd).
Pour extirper les origines du mythe néocolonial, Nadir, le poète dilettante, s’engage à manier la rime en vers et contre tous les idéologues du défaitisme et de l’autodénigrement. Ce faisant, il trouvera en Lina, jeune universitaire et romancière prometteuse, un soutien aussi précieux qu’inattendu.
En œuvrant à transformer le monde, les jeunes auteurs se transforment eux-mêmes, ainsi que leurs rapports. Alors que Lina réalise que « la liberté réside dans la transformation de ses propres déterminations » (Engels), Nadir dépassera-t-il enfin les conduites d’échec qu’il a sublimées en idéal de liberté ?
Avec Misère de la littérature, l’auteur ferme les portes de sa trilogie risquée « Le culte du ça », et ouvre celles du débat sur la « question littéraire » : l’écriture.
Dans mon cœur il n’y a plus d’heure – Youcef Merahi
« La poésie est le lieu des affinités ; c’est à partir de celle-ci que les poètes se regroupent en cénacles et c’est particulièrement vrai en Algérie où la solitude est si cruellement ressentie que la vie serait impossible sans l’amitié compensatoire. Pour les vivants certes mais aussi pour les morts impérissables. Derrière (mais vaut mieux dire au côté de) Youcef Merahi, il y a la toujours rayonnante présence de Hamid Nacer-Khodja, de même que derrière celui-ci, il y avait l’irremplaçable Sénac ou figure du poète assassiné, que les vils assassins n’ont pourtant pas réussi à tuer. Localisé autant qu’on peut l’être à partir de son lieu natal, Tizi-Ouzou, Youcef Merahi est aussi disséminé dans le vaste monde de ses souvenirs ou de ses désirs et de ses rêves, délocalisé vers des lieux où l’heure est chaque fois différente ; c’est pourquoi on peut dire qu’il n’y en a plus. L’immanence poétique n’a que faire des horloges, pour autant le poète n’échappe pas au temps, celui de l’âge qu’il ressent en grandissant au-dedans de lui. » (Denise Brahimi).
Les portes du poème – hommage à Habib Tengour
« Le Maghrébin est toujours ailleurs. Et c’est là qu’il se réalise » H. T. (Manifeste du surréalisme maghrébin,1981)
Les vingt-sept contributions ici rassemblées et superbement illustrées par Hamid Tibouchi – études critiques et textes de création – rendent hommage à une œuvre de premier plan dans les lettres algériennes et plus largement contemporaines, mais paradoxalement encore méconnue.
Ce volume entend, à l’occasion du soixantième-quinzième anniversaire du poète Habib Tengour, inaugurer de nouvelles pistes de recherche quant à cette œuvre et permettre une plus juste appréhension de ses enjeux. Les hommages des pairs – poètes du monde entier – donnent à l’ouvrage une dimension affective, charnelle, et prolongent les analyses des chercheurs en ménageant des échos inattendus.
« N’entre dans le poème que celui animé d’une intention droite ! », nous a avertis Tengour. Les portes du poème s’entrouvrent ainsi sur une des voix poétiques les plus importantes de sa génération (prix Dante en 2016 et Benjamin Fondane en 2022 pour l’ensemble de son œuvre).
Gravité de l’ange suivi de Césure – Habib Tengour
Habib Tengour, poète et anthropologue, né le 29 mars 1947 à Mostaganem, s’est affirmé dès le début des années 1980 comme un auteur important de la nouvelle génération d’écrivains maghrébins de langue française. Auteur de nombreux ouvrages (poésies, proses, théâtres, essais), il s’exprime de façon privilégiée dans la poésie, et ses récits Le Vieux de la montagne, Sultan Galièv, L’Épreuve de l’arc, Gens de Mosta, Le Maître de l’Heure sont éminemment poétiques. Il a obtenu en juin 2016 le Prix européen de poésie Dante pour l’ensemble de son œuvre poétique. Il reçoit en octobre 2022, le prix Benjamin Fondane, également pour l’ensemble de son œuvre.
Réinventer la ville par le design une biennale algéro-française
Cet ouvrage est l’illustration de la manifestation « Réinventer la ville par le design », première Biennale entre l’Algérie et la France, qui s’est déroulée du 27 mai au 27 juin 2021 à Alger. Artistes, architectes, urbanistes et designers des deux pays, réunis sous le terme de « concepteurs », se sont exprimés dans des expositions, conférences, tables rondes, talks et ateliers, chacun dans sa spécialité, sur les questions du « devenir de la ville », tant sur ses aspects intellectuels et culturels que sur ses aspects esthétiques et environnementaux.
Des murs de l’Institut français d’Alger aux enseignes des institutions algériennes partenaires (l’Agence Algérienne pour le Rayonnement Culturel - AARC, le Musée d’Art Moderne et Contemporain d’Alger - MAMA, l’Ecole Polytechnique d’Architecture et d’Urbanisme - EPAU, l’Ecole Supérieure des Beaux-arts d’Alger – ESBA, les Ateliers sauvages), durant un mois, un programme riche en échanges et en partages, entre professionnels confirmés et étudiants, a parcouru les différents espaces et créé une dynamique pensant déjà à la prochaine biennale. Ce livre révèle cela.