Retours de lignes – Hélène Tyrtoff

Hélène Tyrtoff est autrice de poèmes, dessins-poèmes, prose poétique, traversés par les mémoires silencieuses, personnelles et historiques, les champs de lutte, la langue fantôme. Mouvement intérieur qui s’incarne aussi dans le corps par le tai chi chuan. Durant ses années au Luxembourg, le plurilinguisme agit comme catalyseur de son écriture. Certains de ses poèmes sont traduits en anglais, en espagnol, en arabe et en néerlandais. Parmi ses publications : De là, Editions Lanskine, 2024 ; Atlas, Rrose Semoy, éditions La 5e couche ; aux éditions PHI Jonas Luxembourg, Mars, Corps expéditionnaire (prix Servais d’encouragement).

Cœur en fragments, suivi de Histoires du vécu – Yassine Foudala

Il savait le combat à mort Que le peuple élabore. (Y. F)   « La terre et ses échos ne sont jamais loin dans les poèmes de Yassine. Au fil des mots, sur la lice, transparaît l’idée du sacré. La terre, la mémoire, le legs, sont des choses sacrées. Les mots aussi. Le sacré n’atteint le divin que lorsqu’il a atteint l’homme dans son enfance, dans son premier lait (...) Le poète peut dire qu’il est « l’homme patrie » né à son humanité par sa patrie à travers laquelle le sang et le chant ont tissé une âme... C’est cette humanité-là que recherche Yassine, une âme des mémoires multiples héritées, une âme qui refuse l’oubli et l’ingratitude. Il n’est homme qu’à la condition de retrouver et transfigurer ses racines d’homme (...) Humain jusqu’au bout de ses forces, jusqu’au bout de ses faiblesses, de ses colères et de ses besoins de tendresse, Yassine nous réconcilie avec l’idée de l’humaine destinée de chaque homme engagé dans le destin des autres hommes (...) Se lever comme poète et dire ses liens avec son peuple, la revendication de ses combats pour la libération trouve son accomplissement dans la revendication du combat des autres peuples (...) Est-ce que j’ai tort de me souvenir d’un autre poète qui a parlé de marcher en portant son cercueil sur son épaule ? Marcher. » (M. Bouhamidi).

Les communistes et l’Algérie – Alain Ruscio

Dans cet ouvrage, Alain Ruscio examine minutieusement le « parcours non linéaire » des relations entretenues par les communistes avec l’Algérie de 1920 à 1954, objet d’étude ayant donné matière à de nombreuses polémiques. Permettant de mieux saisir la genèse des malentendus et désaccords persistants entre nationalistes algériens et communistes français et afin de comprendre les contradictions d’un mouvement tour à tour allié objectif et ennemi juré des nationalistes algériens, ce spécialiste des questions coloniales nous invite à dissocier nettement les implications collectives et individuelles, l’avant-garde anticolonialiste ou les cercles dirigeants des Partis communistes français et algérien (PCF et PCA). Loin de se limiter à l’examen des positions élaborées par les cercles dirigeants de ces deux partis, Alain Ruscio s’intéresse également aux opinions et aux actions des membres de la vaste « “famille communiste” franco-algérienne ». S’appuyant sur un large corpus archivistique, cette mise en lumière de multiples expériences permet de faire entendre les dissonances traversant, et, parfois, brisant, de la base au sommet, tout l’univers communiste, sur la question de l’Algérie.   « En somme, grâce au croisement systématique de sources variées – laissant au passage encore un espace pour des recherches basées sur une exploitation approfondie d’archives locales, notamment dans certains bastions communistes (...), cet ouvrage constitue indéniablement une des références d’une historiographie aspirant à renouveler l’étude des processus de colonisation et de décolonisation. » Fabien Bénézech

En dépit du temps – Mehdi Messaoudi

Auteur atypique, Mehdi Messaoudi invite cette fois-ci le lecteur à s’introduire dans l’enfance douce-amère de Abdelhadib. À travers un récit particulièrement authentique, à fleur de l’intime, des fragments de vie de l’enfant et de sa famille sont relatés ici avec sincérité et sensibilité., parfois mélancoliques, parfois avec humour. L’auteur convoque le passé, non pas pour le juger, mais pour continuer à sourire. « Ma tranquillité n’a jamais cessé d’être taquinée. Et malgré ces diverses nuisances endurées… jamais je ne sus perdre mon sourire », écrit-il dans la nouvelle La chambrette. Les passages des nouvelles sur son premier amour d’enfant, ses grands-parents qu’il adorait, son chat gris qu’il voulait sauver, ses cousins qu’il disputait, son citronnier qu’il vénérait, ses copains de classe qu’il n’a jamais oubliés, et même le terrifiant chien Rex qu’il défiait, sont singulièrement touchants.  

Voyageur sans voie (Yolsuz Yolcu) – Gültekin Emré

Gültekin Emre est né en 1951 à Konya et vit à Berlin depuis 1980. Il a étudié la langue et la littérature russe à la DTCF (Faculté des Langues, de l’Histoire et de la Géographie) à Ankara, en 1974. Son premier poème est publié en 1977 dans la revue Türkiye Yazıları (Ecrits de Turquie). Suite à la publication de l’ensemble de ses neuf premiers recueils sous le titre de Küçük Deniz (Petite Mer) (Ed. YKY 2009), il a publié aussi : Çınlama (Tintement) (2010), Ciğerpare (Bien-aimée) (2011), Merkezkaç (Centrifuge) (2011), Berlin Şiirleri (Poèmes de Berlin) (2012), Yürü Dur Boya (Marche, Arrête, Peints) (2016).

Maintenant, j’enjambe le petit ruisseau – الآن سأقفز الجدول الصغير – Ashur Etwebi

Ashur Etwebi est poète, traducteur et médecin libyen. Il a publié plusieurs recueils de poésie et a entre autres traduit les œuvres de Jalâl Eddîne al-Rûmî, de Kabîr et des plus grands maîtres de Haïkus japonais. Si je tendais la main, j’attraperais une comète tombée derrière une montagne Si je dessinais une ligne droite entre mes lèvres et la bordure du puits, une rivière de vin coulerait Si je devançais mon pas vers moi-même, j’arriverais avec l’oiseau étrange au seuil de la porte Si j’emportais à la forêt la mélodie que j’entends chaque nuit, la saison des truffes serait abondante Si je collais sur le mur de ma chambre les battements de mon cœur, des soleils brilleraient dans la steppe Si le silence avait un midi, les ombres s’enfuiraient à travers des brèches dans le ciel