La pensée blanche – Lilian Thuram
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Qu’est-ce qu’être blanc ? Plus qu’une couleur de peau, n’est-ce pas plutôt une pensée ? Qui sont ceux qui l’ont inventée, et pourquoi ? Ce livre raconte l’histoire de la pensée blanche, son origine et son fonctionnement, la manière dont elle divise, comment elle s’est répandue à travers le monde au point d’être aujourd’hui universelle, jusqu’à infuser l’air que l’on respire. Depuis des siècles, la pensée blanche est une norme, la fossilisation de hiérarchies, de schémas de domination, d’habitudes qui nous sont imposées. Elle signifie aux Blancs et aux non-Blancs ce qu’ils doivent être, quelle est leur place. Comme la longue emprise des hommes sur les femmes, elle est profondément ancrée dans nos mentalités et agit au quotidien. Seule sa remise en question permettra d’avancer pour passer à autre chose. Il ne s’agit pas de culpabiliser ni d’accuser, mais de comprendre les mécanismes à l’œuvre, d’en prendre conscience pour construire de nouvelles solidarités. Le temps n’est-il pas venu d’élargir nos points de vue pour nous considérer tous enfin comme des êtres humains ?
Résumé :
Qu’est-ce qu’être blanc ? Plus qu’une couleur de peau, n’est-ce pas plutôt une pensée ? Qui sont ceux qui l’ont inventée, et pourquoi ? Ce livre raconte l’histoire de la pensée blanche, son origine et son fonctionnement, la manière dont elle divise, comment elle s’est répandue à travers le monde au point d’être aujourd’hui universelle, jusqu’à infuser l’air que l’on respire. Depuis des siècles, la pensée blanche est une norme, la fossilisation de hiérarchies, de schémas de domination, d’habitudes qui nous sont imposées. Elle signifie aux Blancs et aux non-Blancs ce qu’ils doivent être, quelle est leur place. Comme la longue emprise des hommes sur les femmes, elle est profondément ancrée dans nos mentalités et agit au quotidien. Seule sa remise en question permettra d’avancer pour passer à autre chose. Il ne s’agit pas de culpabiliser ni d’accuser, mais de comprendre les mécanismes à l’œuvre, d’en prendre conscience pour construire de nouvelles solidarités. Le temps n’est-il pas venu d’élargir nos points de vue pour nous considérer tous enfin comme des êtres humains ?
« On ne peut pas changertout ce qu’on affronte, mais rien ne peutchanger tant qu’onne l’affronte pas. »
James Baldwin
Bio-express :
Lilian Thuram est né en Guadeloupe en 1972. Il a créé en 2008 la fondation Éducation contre le racisme, pour l’égalité. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages dont Mes étoiles noires (Philippe Rey, 2010, prix Seligmann contre le racisme ; coédition solidaire en Afrique francophone, Madagascar et Haïti, 2014), Manifeste pour l’égalité (Autrement, 2012) et Notre histoire (Delcourt, 2014 et 2016). Il a été commissaire général de l’exposition Exhibitions. L’invention du sauvage, au musée du Quai-Branly en 2011. Prix de l’éthique de la Fondation Kéba-Mbaye au Sénégal en 2014, il est docteur honoris causa en sciences humaines des universités de Stockholm en Suède et de Stirling en Écosse. Dans une première vie, il a connu une carrière prestigieuse de footballeur international. Avec l’équipe de France, il a été Champion du monde en 1998 et Champion d’Europe en 2000.
Extrait :
Introduction :
Je me souviens, il y a quelques années, d’avoir été invité pour discuter d’un grand projet d’exposition autour de la question du racisme. On voulait que j’en sois le commissaire général, et qu’on ait pensé à moi pour porter ce message auprès du grand public m’honorait beaucoup.
L’approche que je comptais adopter venait d’une expérience que j’avais vécue lors d’une réunion dans un ministère : au moment du tour de table, on me demanda ce que je faisais, sur quoi travaillait la fondation que je préside. Je dis que nous analysions les mécanismes de domination dans la société. J’attirai alors leur attention sur les personnes invitées autour de la table : on pouvait constater la différence de nombre entre les hommes et les femmes.
Le président de la séance dit : « En effet, il y a très peu de femmes » – à quoi je répondis : « En fait, ce n’est pas ça le problème ; c’est qu’il y a trop d’hommes. » Et là, tout à coup, j’ai senti les regards des hommes sur moi, comme si je les avais agressés en formulant ce simple constat.
C’est pourquoi j’expliquai que je souhaitais, en tant que commissaire général, changer de point de vue. Depuis trop longtemps, lorsqu’on parle du racisme, on se focalise sur les personnes qui sont discriminées. Et moi, je disais qu’il faudrait plutôt s’intéresser aux personnes qui tirent profit, sans le savoir ni le vouloir forcément, de ces discriminations.
Questionner une catégorie qu’on ne questionne jamais : la catégorie blanche. Qu’est-ce que c’est « être blanc » ? Comment devient-on blanc, car on ne naît pas blanc, on le devient ? Avez-vous déjà vu une personne de la couleur d’une feuille de papier blanc ? Non. Alors pourquoi dit-on qu’il ou elle est blanc ou blanche ? À quel âge devient-on blanc ? Devenir blanc, n’est-ce pas comme devenir homme, être éduqué à se penser dominant ? Tout au long de mon propos, je sentais que l’assemblée était déstabilisée. Les personnes dites blanches n’ont pas l’habitude d’être interrogées sur leur couleur de peau ni sur la signification qu’elle pourrait avoir.
Je poursuivis : « Si nous voulons gagner du temps dans cette lutte pour l’égalité, alors nous devons faire prendre conscience aux visiteurs blancs qu’ils sont éduqués à ne pas politiser leur couleur. »
J’ai perçu de l’incompréhension, voire du rejet. Comme si un « nous » s’était constitué, un « nous » qui se demandait : « Qu’est-ce qu’il nous veut, lui ? » Je compris qu’ils avaient le sentiment d’être agressés par mon propos – je n’ai pas encore précisé que j’étais le seul Noir présent dans la pièce. Comme se sentent agressés les hommes quand on leur fait remarquer qu’ils ont développé un complexe de supériorité vis-à-vis des femmes. Je n’avais pourtant accusé personne d’être un affreux raciste. Mais parler d’une domination blanche, non, vraiment… Malheureusement, nos échanges se sont arrêtés là.
Ce livre est aussi né de ce dialogue interrompu. Pourquoi la majorité des Blancs refusent-ils d’interroger cette construction identitaire ? Mieux : ils paraissent même ne pas être au courant qu’ils ont une couleur. Ne parle-t-on pas des Noirs en les nommant « personnes de couleur » ?
C’est bien la preuve que les Blancs n’en ont pas. D’ailleurs, de quelle couleur sont les Blancs ? Puisqu’il existe une minorité visible, les Blancs seraient-ils la majorité invisible ? Le mot « Blanc » lui-même n’est quasiment jamais employé dans le langage courant pour désigner un groupe de la population, comme s’il ne correspondait à aucune réalité. Et, quand il l’est, il suscite une forme de crispation chez celui ou celle qui est ainsi désigné·e.
Editeur |
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